Ressources Naturelles : Vers un Partage Durable

Découvrez comment repenser la gestion des ressources naturelles face à la crise écologique. Partageons plutôt que de vendre pour un avenir plus juste et durable.

ECOLOGIE

Q2d

7/8/2025

time lapse photo of upstream
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Contexte: Pourquoi gérer ressources naturelles en "Biens Communs" est la clé de l'avenir

Bonjour à tous les acteurs du changement ! Nous avons exploré les inégalités, la surexploitation des ressources et le gaspillage. Aujourd'hui, nous allons aborder une idée puissante et un concept clé pour la transition énergétique et écologique : la gestion de nos ressources naturelles, y compris l'énergie, comme des "biens communs". Préparez-vous à revoir vos classiques !

Introduction: La bataille pour les ressources naturelles

L’eau, l’air, les forêts, les sols, les océans… Ces ressources naturelles soutiennent la vie sur Terre, mais elles sont aujourd’hui surexploitées, marchandisées, accaparées.

Résultat : pénuries, pollutions, conflits, inégalités croissantes.

Face à cette impasse, une autre vision émerge : considérer les ressources non pas comme des marchandises, mais comme des biens communs — appartenant à tous, et gérés de manière collective, responsable et équitable.

Dans cet article, découvrons pourquoi ce changement de paradigme est crucial, et comment il pourrait transformer notre avenir, de l’échelle locale à la gouvernance mondiale.

La tragédie des biens communs : Un piège que nous devons éviter

Pour comprendre l'urgence de changer notre approche, il faut d'abord saisir ce qu'est un "bien commun" et pourquoi sa mauvaise gestion peut mener à une "tragédie".

Un bien commun, c'est une ressource qui a deux caractéristiques essentielles:

  1. Accès libre (non exclusif) : N'importe qui peut l'utiliser.

  2. Rivalité : Si une personne utilise cette ressource, il y en a moins pour les autres. Imaginez une prairie partagée par des bergers : si l'un d'eux ajoute du bétail, il y aura moins d'herbe pour les autres.

Le biologiste Garrett Hardin a décrit en 1968 ce phénomène comme la "tragédie des biens communs". Son idée ? Si chacun poursuit son intérêt individuel sans régulation, la ressource commune finit par s'épuiser. Le bénéfice de l'exploitation profite à l'individu, mais le coût est partagé par tous. Cela pousse à la surexploitation.

C'est ce qu'on appelle une "externalité d'encombrement". Quand un agriculteur pompe de l'eau dans une nappe souterraine, l'eau baisse, et les voisins doivent pomper plus profondément, ce qui augmente leurs coûts. S'ensuit une "course au pompage" qui, au lieu de maximiser le profit, réduit le bénéfice de chacun , épuise la ressource de manière irréversible, et exclut les moins bien équipés. En théorie des jeux, ce comportement où la recherche de l'intérêt personnel mène à une situation pire pour tous est le "dilemme du prisonnier".

L'histoire de l'île de Nauru en est un exemple frappant : cette petite île du Pacifique a surexploité son gisement de phosphate dans les années 70, sans anticiper l'épuisement.

Résultat : après une période faste, l'île et ses habitants sont retombés dans la misère.

Au-delà du marché et de l'État : La voie de la coopération

Traditionnellement, pour gérer ces biens communs, on a eu recours à des outils réglementaires :

  • Les quotas : Limiter les volumes prélevés.

  • Les licences : Restreindre la capacité de prélèvement.

  • Les taxes environnementales : Intégrer le coût de la pollution ou de l'épuisement au prix payé par l'usager.

Une autre approche, proposée par Ronald Coase en 1960, est la "marchandisation des externalités", où l'on alloue des droits d'usage que l'on peut échanger. Mais cette solution suppose une information parfaite et est souvent difficilement applicable.

C'est là qu'intervient la vision révolutionnaire d'Elinor Ostrom, lauréate du prix Nobel d'économie en 2009. En observant des communautés réelles qui géraient durablement leurs ressources, elle a montré qu'une autre voie est possible. Pour elle, la solution réside dans la propriété commune: la ressource n'est ni en accès libre, ni en propriété privée, mais les droits d'usage sont détenus et gérés collectivement par un groupe homogène d'individus.

Ces communautés mettent en place des "arrangements institutionnels" pour organiser de manière optimale l'accès à la ressource.

Sa conclusion est sans appel : les stratégies de coopération sont bien plus efficaces que les stratégies individualistes. De nombreux exemples de gestion de nappes phréatiques (comme la nappe de Bsissi en Tunisie ou celle de la Beauce en France) montrent que cette approche est concrète et fonctionnelle.

Cela bouscule notre manière de penser : le marché et le "tout État" ne sont pas les seules formes d'organisation sociale possibles pour la gestion de nos biens les plus précieux.

L'atmosphère et les énergies fossiles : Des biens communs à gérer collectivement

Ces principes s'appliquent bien au-delà de l'eau ou des pâturages. Ils sont cruciaux pour les

ressources fossiles. La ruée vers le pétrole aux États-Unis au 19ème siècle est un exemple de "course folle au pompage". Les avertissements du géologue Hubbert sur l'épuisement imminent des puits américains n'ont pas été écoutés, prouvant l'échec d'une gestion purement individuelle.

L'atmosphère terrestre est un autre exemple frappant de bien commun. Les négociations internationales sur le climat, avec leurs quotas d'émissions de CO2​ ou leurs taxes carbone, sont des tentatives de gérer cette ressource vitale. Pourtant, certains pays persistent dans une logique de "dilemme du prisonnier" lors de ces discussions.

La coopération : Pierre angulaire de la transition écologique

La gestion des ressources naturelles comme biens communs est une pierre angulaire de la transition énergétique et écologique. Il ne s'agit pas d'une solution unique et universelle, mais d'une approche qui se fonde sur le droit et des règles établies de manière consensuelle par les usagers locaux.

La clé pour sortir de la "tragédie" est la coopération entre les usagers. C'est une vision nouvelle, qui doit encore faire son chemin. En comprenant le caractère insoutenable de notre modèle actuel (inégalités, surexploitation, gaspillage, changement climatique), nous pouvons voir que la gestion coopérative des biens communs offre une voie prometteuse.

Cette première série d'articles nous a montré que notre mode de développement actuel n'est pas viable.

Dans l'article suivante, nous explorerons les modèles économiques dominants qui freinent cette transition: